LES ÉDITOS

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9 octobre 2011

6 octobre 2011


Ce dimanche 9 octobre 2011 sera une date dans l’histoire de la démocratie française. Pour la première fois, un parti appelle les citoyens à partager souverainement une décision qui les concerne tous. Ce sera, si nous le voulons, un nouveau souffle donné à notre système politique.


Pour cela, une condition demeure : que nous soyons nombreux, très nombreux, à venir voter dimanche. Nous devrons noyer sous les bulletins de vote la peur, et la coalition des lâchetés et des conservatismes. Nous devrons ridiculiser par la force du nombre les discours de l’UMP qui voyait dans l’organisation de ces primaires un « problème grave » (sic, et ce sont les mots du ministre de l’Intérieur). Nous devrons, par l’élan de cette forme inédite de démocratie, témoigner d’un profond désir de changement, et créer les conditions d’un nouveau départ pour notre pays.


Mais il y a dès à présent un acquis. Ces primaires, en un sens, sont déjà un succès, puisqu’elles intéressent les Français, qui ont compris que, face à une droite obsédée par elle-même et fascinée par ses propres péripéties, la gauche leur parlait d’eux, de leur vie, de leurs souffrances, de leurs attentes. Là réside l’essentiel. Et quoi qu’il arrive, la gauche continuera, après le 16 octobre, à proposer aux Français des solutions à leurs problèmes réels, rassemblée derrière celle ou celui que le suffrage aura désigné pour représenter les forces progressistes.


En attendant, c’est l’heure du choix. En ce qui me concerne, on le sait, j’ai choisi. Avec respect pour les autres candidatures, mais avec conviction, je voterai pour Martine Aubry. J’ai déjà eu l’occasion d’en expliquer les raisons, qui tiennent autant au contexte qu’à sa personnalité, où se rejoignent deux vertus indispensables aujourd’hui : l’esprit de décision et le sens du rassemblement. Mais je souhaite, à trois jours du scrutin, insister sur un élément essentiel, un argument politique de fond, qui sous-tend finalement tous les autres.


Bien sûr il faut rétablir les comptes de la nation. Cela n’est pas un débat, c’est un fait. Mais je conteste avec énergie l’idée que l’équilibre des finances publiques serait une fin en soi plutôt qu’un moyen au service du redressement du pays et surtout un instrument pour créer de la justice sociale. Oui, à l’évidence, les chiffres de la dette et des déficits sont effrayants. Mais d’autres chiffres le sont tout autant : en 2011, 29% des Français ont renoncé à se soigner, faute de moyens, (ils n’étaient que 11% en 2009) ; Pôle Emploi compte 5 millions d’inscrits ; 2 millions de Français sont surendettés ; un Français sur deux n’est pas parti en vacances cet été ; le logement représente un tiers du budget des ménages ; 8,2 millions de personnes (12% des Français !) sont, selon le dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre, mal logées ou en situation de « grande précarité par rapport au logement ». Ce n’est même plus la « fracture sociale », c’est une faille, ouverte, qui sépare deux univers, deux France qui s’éloignent toujours plus l’une de l’autre. La France des favorisés et celle des délaissés. Pendant que les plus hauts revenus et les plus insolents patrimoines ne cessent de progresser, les plus démunis perdent le lien avec la société, et les classes moyennes se sentent toujours davantage menacées. Nous voyons, dans notre pays, des signes de régression sociale, humaine, auxquels il n’est pas question de se résigner : devons-nous accepter, par exemple, le retour de la tuberculose, cette « maladie de la pauvreté » héritée d’un autre siècle, dans nos banlieues, dans nos cités, et dans nos écoles ?


En un mot, l’urgence, c’est la justice. Et la plus haute exigence pour notre pays, c’est de rendre cette urgence compatible avec l’impératif budgétaire. Voilà pourquoi je vote Martine Aubry. Hier, elle a su créer la couverture maladie universelle tout en rétablissant les comptes de la Sécurité sociale. Demain, elle saura rendre leur dignité aux exclus, leur avenir aux plus faibles, et recréer le sens de l’unité nationale. Une nouvelle aventure collective devra commencer en mai 2012, chacun devra avoir la conviction qu’il y est associé, et tout notre peuple devra se sentir enfin réconcilié avec lui-même. C’est dans cet esprit que, par mon vote, dimanche, je dirai ma confiance à Martine Aubry.


Bertrand Delanoë

5 commentaires à “9 octobre 2011”

  1. André Guidi dit :

    Monsieur le Maire,

    vivement que vous soyez Ministre d’état d’un gouvernement de gauche. Vous saurez concilier justice sociale et contraintes économiques.

    Salutations dévouées

    André Guidi

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  2. souad Amidou dit :

    Cher camarade MAire de PAris, je comprends votre préoccupation et je suis d’accord avec vous. Je milite de mon côté pour que tous mes amis aillent voter dimanche pour, comme vous le dites, noyer la peur sous une avalanche de bulletins de vote citoyens. Mais, bien que j’adhère à la personnalité de Martine en laquelle j’ai confiance, je voterai Arnaud Montebourg au premier tour, qui me semble être celui qui incarne le mieux les valeurs de la vraie gauche. J’espère vraiment que nous gagnerons, quoiqu’il en soit. Je vous ai soutenu pour vos deux mandats,je ne le regrette pas, je soutiendrai le candidat du PS quel qu’il soit pour ces élections, et j’espère faire mieux et plus dans les années qui viennent, en m’engageant dans un Conseil de Quartier. C’est avec respect que je vous adresse mon amitié socialiste. Souad Amidou

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  3. Pascal Savigny dit :

    Désolé, pour moi, ce sera François Hollande…

    Le seul capable de battre Nabot-léon…

    Le seul capable de réunir la gauche et le centre-gauche, sans lequel aucune victoire n’est possible…

    Le seul qui fait de la jeunesse sa priorité…

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  4. MX dit :

    si le candidat PS remporte l’élection présidentielle et qu’il se représente , avez vous organiser des primaires en 2017 ? question bien embêtante cher monsieur , n’est ce pas? Vous pouvez répondre ce que vous voulez la réponse est connue de tous. De toute façon on a l’habitude avec le PS , des promesses jamais tenues, de la démagogie, des dépenses , pas de résultat et souvent de l’irresponsabilité

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  5. [...] Choisir ce n’est jamais évident et pourtant c’est indispensable. Au lendemain du 21 avril 2002, nous sommes nombreux à ne pas avoir eu de choix pour le second tour et à nous résigner à voter pour le candidat chiraquien, si éloigné de nos valeurs… Pour la première fois les forces de gauche n’étaient pas au second tour ! Pour Bertrand Delanoë «ce dimanche 9 octobre 2011 sera une date dans l’histoire de la démocratie française». [...]

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