LES ÉDITOS
«La vraie puissance, elle sera dans les urnes le 22 avril»
Entretien au Parisien du Dimanche 15 avil à retrouver sur le site : Le Parisien
Le meeting d’aujourd’hui de François Hollande au château de Vincennes, c’est la guerre contre Sarkozy à la Concorde?
Pour nous, la démocratie, ce n’est pas la guerre. François Hollande a annoncé ce rassemblement il y a déjà plusieurs semaines. Depuis, le candidat Sarkozy a voulu se poser en concurrent. Cela le regarde. Cette campagne ne doit pas être violente ou agressive.
Sur le plan pratique, trois événements vont se chevaucher : les deux meetings et le Marathon de Paris…
J’ai fait régulièrement le point avec les services de la Ville de Paris pour que tout se passe dans les meilleures conditions possible. Le Marathon est très important pour notre ville. Et il faut apporter dans le même temps toutes les garanties nécessaires, notamment en ce qui concerne la propreté, pour que les rassemblements du château de Vincennes et de la Concorde se déroulent dans de bonnes conditions.
Entre les deux candidats, c’est une course à la puissance, à celui qui attirera le plus de monde?
La vraie puissance, c’est celle qui sera dans les urnes le 22 avril. La mobilisation de ce dimanche pourra y contribuer. J’espère qu’il y aura le plus de monde possible, des dizaines de milliers de personnes autour de François Hollande pour le porter vers la victoire.
Avez-vous décidé ce meeting avant ou après celui de Jean-Luc Mélenchon à la Bastille?
Avant que Jean-Luc Mélenchon tienne son meeting à la Bastille, nous avions déjà, avec François Hollande, réfléchi, sans arrêter de date ni de lieu, à un grand rassemblement populaire à Paris. Il le concevait aussi comme un moment de considération pour les Parisiens et les Franciliens.
Plusieurs lieux ont été envisagés par vos équipes?
Oui. Si la place de la République n’avait pas été en travaux, peut-être l’aurions-nous choisie… Nous nous sommes tournés vers l’esplanade du château de Vincennes pour son aspect pratique, notamment, car elle est bien desservie par les transports publics. Et pour sa capacité à accueillir un événement très populaire et fraternel. François Hollande aime les gens : ce rassemblement devra correspondre à son état d’esprit.
Vous avez dénoncé de la violence chez Nicolas Sarkozy…
Il fait campagne comme il a présidé : en agitant des peurs, en créant des tensions. Il y a déjà des souffrances sociales, qu’il a en grande partie provoquées, pourquoi y ajouter des antagonismes? Cela affaiblit la société.
Les derniers sondages donnent à nouveau Hollande en tête dès le premier tour. L’élection est-elle déjà jouée?
Nous sommes convaincus que l’élection n’est pas jouée. Seul le vote des Français fera la décision. François Hollande leur a proposé un projet solide et cohérent, connu depuis le début, avec des mesures identifiées qui auront un impact fort sur notre vie quotidienne, comme l’encadrement de la hausse des loyers ou l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Il ne donne pas de grands coups de volant, il n’est pas là pour agresser ou pour diviser, mais pour inscrire en profondeur la perspective de progrès pour la France. Pour qu’il gagne au second tour, il est indispensable qu’il soit fort au premier tour.
Claude Allègre doit parler à la Concorde au meeting de Nicolas Sarkozy…
Cela m’inspire de la tristesse.
Les socialistes qui ont rallié Sarkozy — Kouchner, Jouyet, Fadela Amara —, vous leur dites de revenir dans la famille?
Je respecte la liberté de chacun. J’ai eu l’occasion de parler avec plusieurs d’entre eux de ce que je pensais être une faute profonde : appartenir à un gouvernement qui faisait tant de mal à la vie collective. Je désapprouve totalement cette participation, mais je ne suis jamais dans le rejet des personnes.
Ils peuvent revenir?
Ils ne nous ont pas demandé notre avis pour partir, pour commettre cette faute. Chacun est capable de voir, aujourd’hui et demain, comment la France avance.
On parle de Jean-Pierre Jouyet comme d’un futur ministre possible…
C’est un ami. J’ai beaucoup de respect pour lui, je sais qu’il a agi avec honnêteté intellectuelle, même si je n’ai pas approuvé ce moment (NDLR : il a été secrétaire d’Etat aux Affaires européennes de mai 2007 à décembre 2008), heureusement très court, de sa vie publique.
Quel rôle pourriez-vous jouer après le 6 mai?
La question ne m’est pas posée, donc je ne me la pose pas. En toutes circonstances, je contribuerai à ce que nous soyons unis pour accomplir notre devoir.
Unis… C’est la grande différence par rapport à 2007?
C’est une différence par rapport à beaucoup d’autres moments. Nous devons le mettre au crédit de toutes celles et de tous ceux qui y contribuent, à commencer par François Hollande. C’est un homme à la fois de détermination, de ténacité et sa bienveillance a beaucoup d’avantages. Et elle en aura lorsque, président de la République, il sera amené à mettre en œuvre un projet exigeant, courageux mais juste, qui conduira à un changement radical et concret, un changement réel.
Pourquoi ne l’avez-vous pas soutenu aux primaires?
Cette question est dépassée.
Vous ne direz pas « je me suis trompé »?
Je ne refuse pas que l’on me pose la question, mais franchement elle n’occupe pas ma pensée… Je ne crois pas non plus qu’elle occupe celle de François Hollande!
L’accord avec les Verts sur les législatives sera-t-il respecté?
Chaque chose en son temps! Nous sommes à une semaine du premier tour, nous n’allons pas déjà parler des élections de juin. Si nous parvenons à donner à la France cette victoire, l’étape suivante sera de donner à François Hollande les moyens parlementaires de mettre en œuvre sa politique.
Beaucoup, notamment à l’étranger, critiquent un programme qui met l’accent sur les dépenses publiques…
Ne doutez pas de l’esprit de responsabilité de François Hollande. Il y a des efforts à faire pour la restauration du service public dans quelques domaines essentiels : l’Education, la santé, l’investissement pour les PME. Mais il fera face à la situation en tenant ses engagements. Il restaurera les finances publiques : en la matière, nous n’avons pas de leçon à recevoir de la droite, qui, en cinq ans, a augmenté la dette de 600 Mds€. François Hollande créera les conditions de la croissance, nécessaire au redressement de la France. Et il établira une fiscalité plus juste, demandant davantage aux plus fortunés.
Revenir sur les grands moments du meeting de Paris, sur l’esplanade du château de Vincennes : c’est ici